C'est bien souvent que les cultivateurs de Cannabis ont été, et sont encore, en avance sur leur temps.

C'est tout naturel tant l'autoproduction de cette plante, accompagnée de valeurs écologiques, et d'une critique légitime des pratiques industrielles a passionné toute une génération, un peu partout sur notre planète.

Ces passionnés ont collectivement réinventé l'agriculture, s'appropriant et devenant pionniers dans divers domaines (agriculture urbaine, culture sur sol vivant, perma-truc, etc..). Les larges échanges publics et internationaux sur les réseaux, depuis près de 30 ans, ont été particulièrement intenses dans ce domaine.

Le thé de compost oxygéné (Activated Aerated Compost Tea) en est un parfait exemple, de nombreux pionniers de cette technique ayant publié leurs expériences dans les forums internet dédiés à la culture de Cannabis.

La technique est extrêmement simple et peu onéreuse. Attention donc à tous les vendeurs de poudre de perlimpinpin cherchant à présent à la récupérer.

Il s'agit tout simplement d'une culture liquide de microorganisme, accomplie en milieu ouvert (non stérile) et aérobie (oxygénée), et appliquée sur les sols et feuillages des plantes.

Le matériel est basique. À mon échelle:

- 1 bac (poubelle noire) 70L

- 1 pompe à air de pisciculture 50L/min

- 1 tuyau plongé au fonds du bac et relié à la pompe.

La puissance de la pompe est déterminante, environ 1L/min par litre d'eau dans le bac est une bonne base. Elle doit tourner en permanence, et sa puissance assurer un brassage continu de l'eau.

Une fois ce matériel en place, il suffira d'y placer les 3 ingrédients fondamentaux.

- De l'eau. Au cas où elle serait chlorée (eau du réseau) mieux vaut laisser le bulleur fonctionner, environ une heure suffit à dissiper l'essentiel de cet antimicrobien.

- Un ou des inoculants. Dans l'ordre cela peut être un ou plusieurs de:

   - Ce que vous indique votre intuition

   - Litière et sol de foret locale, bien vivant, sur sol d'origine géologique similaire à celui visé

   - Lombricompost

   - Compost (les plus âgés ont souvent plus de champignons, ce qui est bénéfique, tandis que les plus jeunes sont plus bactériens).

   - Préparation commerciale de microorganisme (Bokashi/EM, divers compost spécialisés, mélanges de mycorhizes et bactéries bénéfiques, ..)

L'objectif est d'obtenir une diversité maximale de microorganismes, et partir de milieux locaux en bonne santé est le meilleur moyen de préserver cette diversité, tout en étant adapté aux conditions géologiques.

La quantité de cet inoculant importe bien moins que sa qualité. Dans l'absolu une poignée suffit, mais en mettre plus apporte aussi de la nourriture à la culture liquide.

- Une forme de sucre, entre 0.1% et 0.5% par rapport à la quantité d'eau. Le meilleur est la mélasse de canne à sucre, de par sa richesse en éléments minéraux qui s'y retrouvent concentrés. Ça coute environ 3.5€ pour 500g dans les boutiques de produits naturels et bio. Du rapadura, voire de la cassonade, fonctionnent aussi. Dans tous les cas il est plus simple de diluer le sucre dans une tasse d'eau chaude. Par exemple dans 50L d'eau j'en mets environ 150g.

Le mode opératoire est simple. Il s'agit de placer dans l'ordre l'eau, l'inoculant, et le sucre dilué dans le bac, en maintenant le bullage en fonctionnement entre 18 et 48h. Le temps optimal dépends de la température de l'eau, plus elle est chaude plus c'est rapide. À 20° c'est environ 24h.

Le thé est alors prêt à être appliqué, dilué ou pas. Si un pulvérisateur est employé, il doit être filtré.

Sur le sol, juste avant l'arrivée de la pluie est optimal. Sur le feuillage, en fin de journée est préféré.

Il y a pléthore de raffinements possibles, mais non obligatoires:

 - Apporter d'autres nutriments aux microorganismes: extraits d'algues ou de poisson riche en acides aminés, farine de basalte, plantes à purin (prêle, ortie, consoude, fougère, ...), jus de fruits, vous pouvez être créatifs !

 - Placer le compost dans une "chaussette", en polypropylène ou nylon. à mailles fines mais pas trop pour laisser passer les microorganismes.

 - Observer au microscope la diversité des formes vivantes (filaments mycéliens, bactéries, protozoaires, etc..) pour déterminer le moment où elle est maximale.

J'ai parfois laissé buller une semaine entière avec des plantes à purin, qui sont alors bien dégradées, et sans produire aucune odeur de putréfaction, et suis convaincu que c'est une excellente amélioration des technique françaises des purins.

Voilà, j'espère vous avoir convaincus de la simplicité et de l'intérêt de cette pratique, en premier lieu sur les sols fatigués.

Et aussi vous avoir sensibilisé à l'écologie des sols et à leur préservation, en particulier en amplifiant de la sorte les microbiotes locaux, préférés aux inoculants commerciaux.

Tout en faisant bien comprendre que dans ce domaine novateur, toutes les expériences sont permises. Soyez créatifs !